182 jours pour parler français !
Depuis que le gouvernement Legault a fait adopter le projet de loi 96 sur la langue française, les débats ne cessent de fuser de partout.
Le fait que tous les services publics soient rendus en français, sauf exception, à l’ensemble de la population, y compris les immigrants ou les réfugiés après un délai de 6 mois, soulève des interrogations, si ce n’est des craintes.
La professeure Suzie Beaulieu n'y va pas par quatre-chemins, clairement, six mois, ce n’est pas assez, un an non plus. Spécialiste de didactique du français, langue seconde au département de langues, linguistique et traduction de l’Université Laval, elle trouve irréaliste d’avoir un bon niveau de français en six mois.
Dans la version actuelle du PL96, après six mois au Québec, les immigrants n’auront plus accès à des services de l’État dans leur langue maternelle et la communication avec leur médecin ou un enseignant du système public ne se fera qu’en français.
La levée de boucliers
C'est le cas de certains chercheurs en immigration qui demandent littéralement l’abolition de cette disposition du projet de loi qui porte atteinte, selon eux, aux droits fondamentaux des nouveaux arrivants.
Pour Garine Papazian-Zohrabian, psychologue et professeure en psychopédagogie à l’Université de Montréal, cette disposition de la loi qui suppose qu’il n’y aura plus d’interprètes subventionnés par l’État pour les immigrants après six mois.
Or, selon elle, donner quelques mois pour apprendre le français à de nouveaux arrivants qui vivent des bouleversements majeurs est « irréaliste ».
Atteinte aux droits fondamentaux
Une vingtaine d’intervenants et de chercheurs dénoncent publiquement, mémoire à l’appui, le projet de loi 96 qui, selon eux, entrave l’accessibilité des services publics essentiels pour les personnes qui ne maîtrisent pas le français.
Pour Janet Cleveland, chercheuse sur les droits et le bien-être des migrants à l’Institut universitaire SHERPA, on comprend la volonté de promouvoir le français et on est d’accord avec l’objectif global, mais on a l’impression que [le gouvernement] n’a pas vraiment réfléchie à l’impact que ça aura sur les personnes allophones.
Comment un travailleur afghan qui a un accident de travail va-t-il être capable de bien comprendre les étapes pour être compensé ? Comment une réfugiée syrienne va-t-elle pouvoir comprendre ce qui arrive à son nouveau-né si elle se présente à l’hôpital six mois après son arrivée ?