L’urgence de la santé mentale !


Une grande entreprise américaine d’habillement a décidé dernièrement de fermer ses bureaux et ses usines pendant une semaine, pour donner à ses employés une pause de santé mentale rémunérée. Les responsables étaient arrivés à des conclusions, plutôt mal au point sur la santé mentale de leurs employés ! La réaction a été instantanée !

Basé à Beaverton, en Oregon, le chef de cette grande multinationale a confirmé la nouvelle en disant, prendre le sujet très au sérieux. Le message transmis aux employés est d’ailleurs très clair : ‘’prenez le temps de vous détendre et de passer du temps avec vos proches. Ne travaillez pas de grâce‘’, a-t-il écrit. Des initiatives comme celle-ci, on en trouve de plus en plus sur la toile. Au Canada, le tableau est le même, les chiffres ne mentent pas : les problèmes de santé mentale affligent de plus en plus de Canadiens.

L’urgence d’agir !

Dépression, solitude, anxiété... La COVID-19 a mis à mal la santé mentale des Québécois. Que faire quand son enfant, son conjoint ou sa collègue perd pied ? On est malheureusement peu outillé pour détecter les signes de détresse chez les autres.

D’après la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ), Christine Grou. « Qu’ils vivent à Montréal, Drummondville ou en Gaspésie, les Québécois et les Québécoises ne vont pas bien. Ça ne les affecte évidemment pas tous, et pas de la même façon. Mais c’est assez généralisé pour dire qu’on a une épidémie parallèle sur les bras ! »

Un constat alarmant qui fait écho aux plus récents chiffres colligés par l’Université de Sherbrooke dans le cadre d’une vaste enquête sur les répercussions psychosociales de la COVID-19. Au Québec, un adulte sur quatre – homme ou femme – présentaient des symptômes s’apparentant à un trouble anxieux généralisé ou à une dépression majeure au printemps 2021.

Chez les 18-24 ans, c’était presque la moitié ! Les personnes en situation de pauvreté, les travailleurs de la santé et les personnes immigrantes font partie des autres groupes les plus affectés. Tout comme les femmes, qui, sans surprise, ont dû composer avec une charge de stress décuplée.


Les premiers soins psychologiques

Devant ce mal-être, on se sent souvent impuissant. On aimerait tant aider ceux qui souffrent autour de soi. Mais comment le faire ? Selon le chercheur Steve Geoffrion, du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, il y a encore un tabou qui persiste autour de la santé mentale.

Pour beaucoup, il est urgent d’implanter des formations de type « premiers soins psychologiques » dans les milieux de travail. « Il faut aller au-delà des services classiques aux employés ‘’qui fournissent un soutien rapide, mais temporaire’’. Les gens doivent apprendre à se sonder et à reconnaître les signes avant-coureurs chez leurs collègues.

Selon Janie Houle, professeure au Département de psychologie de l’UQAM. « En situation de crise, la capacité d’adaptation des gens est mise à rude épreuve. Elle suggère une technique d’autogestion qui consiste à cultiver ce qui nous fait du bien au quotidien. « Ça n’a pas besoin d’être compliqué, dit-elle. Ça peut être une joyeuse routine avec les enfants, un bon repas, un émerveillement soudain devant un coucher de soleil. L’important est de s’accorder des moments de répit.

Enfin, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux, près de 19 000 personnes sont toujours dans l’attente d’un rendez-vous en santé mentale au Québec.